La notion d’identité: la pensée de Codol

Cet article aura pour but d’approfondir la notion d’identité, un terme large et qui peut englober beaucoup de choses : on parle d’identité personnelle, sociale, professionnelle … Sur laquelle se pencher dans le cadre de notre recherche ?  Que peut-on mettre derrière le terme « identité » ? Comment l’identité se construit-elle ou est-elle construite par l’individu ? 

Que mettre derrière le mot « identité » ? 

La sociologie semble d’ores et déjà opérer une différence entre identité personnelle et identité sociale. 

D’une part, l’identité personnelle est définie comme une « appréhension cognitive de soi » (Codol, 1981). « Subjective, elle englobe des notions comme la conscience de soi et la représentation de soi » (Codol, 1981). Il s’agit donc de la manière dont un individu se perçoit et dont il se définit lui-même, de son sentiment d’identité. La définition de l’identité personnelle ne fait pas intervenir de tierce personne, elle ne concerne que l’individu et le rapport qu’il entretien avec lui-même. 

D’autre part, l’identité sociale est plus objective, puisqu’elle comprend des éléments  plus empiriques et qui permettent d’identifier quelqu’un de l’extérieur. Par exemple, le sexe, l’âge, le métier … sont des caractéristiques qui fondent l’identité sociale d’un individu. Cette dernière implique également de « classer » un individu selon des catégories sociales elles-mêmes socialement construites (étudiant, jeune, mère …). Il s’agit donc d’une identité prescrite et sur laquelle l’individu n’a, la plupart du temps, pas la main-mise.

Cette première distinction nous permet d’affiner un peu plus notre objet d’étude. Il s’agit bien d’identité personnelle dont nous voulons parler. Nous souhaitons davantage travailler sur la manière dont le fan se perçoit lui-même, en tant qu’individu isolé. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons proposé à nos enquêtés d’adopter une position réflexive vis-à-vis d’eux-mêmes lors de nos différents entretiens. 

En outre, nous avons décidé de placer l’individu au centre de notre réflexion. Les dynamiques pouvant exister au sein de groupes sociaux, même si elles doivent nourrir notre travail, ne constituent par notre objet d’étude. 

Comment définir l’identité personnelle ?

L’identité personnelle se compose de quatre critères, qui sont à l’origine du sentiment d’identité (Codol, 1981).

  • La distinction : l’individu se définit et se reconnaît lui-même en tant qu’être différent et unique par rapport aux autres.
  • La permanence : l’individu a le sentiment d’une continuité de soi-même. En dépit de changements extérieurs, il a une perception de lui-même qui reste relativement fixe dans le temps. 
  • La cohérence  l’individu ressent le besoin de réduire les éléments cognitifs discordants dans sa conscience (Festinger, 1957) afin d’assurer une unité et une cohérence dans ses comportements, intérêts, valeurs … Plus simplement, l’identité personnelle refuse les contradictions.
  • La valorisation : l’individu attribue un sens et des valeurs à son existence. L’image qu’il a de lui-même est globalement positive. Il a « le sentiment qu’il peut influer sur les choses et les êtres, diriger ou maîtriser, du moins partiellement, les événements » (Codol, 1981).

En se disant fan d’un groupe de musique et en se définissant en tant que tel, l’individu répond donc à ces quatre conditions. En disant « je suis fan », l’individu se distingue des autres en marquant son appartenance à une catégorie de personnes, il assume un état permanent et cohérent, celui d’être un fan, et il le valorise par la parole (il ne le cache pas et en parle librement). Nous pourrons par exemple le vérifier lors de l’analyse de nos entretiens. De plus, nous avons l’assurance que tous nos enquêtés se définissent comme fans de Queen puisque nous avons directement employé ce terme dans nos annonces.  

Ce que nous allons essayer de comprendre lors de notre recherche, c’est principalement le processus qui amène le fan à se définir en tant que tel (identité personnelle). Qu’est-ce qui fait d’une passion pour un groupe de musique un marqueur de l’identité personnelle d’un individu ? Comment l’individu construit-il son identité autour de sa passion et de sa qualité de fan ? 

Premières pistes sur la construction de l’identité personnelle

« L’identité en tant qu’elle est une construction subjective, élaborée au cours d’interactions sociales, professionnelles, culturelles et autres. » (Alex, Mucchielli, 2015).

« J’appelle identité […] le processus de construction de sens à partir d’un attribut culturel » (Manuel Castells, 1999)

« A travers les œuvres, je vais me voir moi, me construire moi, je vais retrouver ce que je pense être au fondement de mon être » (Eric Maigret, 2004).

Ces trois citations nous offrent déjà de premiers indices quant à la construction de l’identité personnelle et le rapport qu’elle entretient avec les objets culturels. Ces trois auteurs nous affirment que :

  • l’identité est construite et subjective. Elle est donc le résultat d’un processus identifié et identifiable.
  • un objet culturel, une œuvre peut servir de point de départ de la construction identitaire. Cela légitime donc le fait que nous nous penchions sur un groupe de musique en particulier, Queen. 

L’analyse de nos entretiens finira, nous l’espérons, de compléter notre réflexion autour de la construction identitaire à partir d’un objet culturel et de nous apporter les éléments manquants à la compréhension complète de ce processus complexe. Comment devient-on fan et comment cela contribue-t-il à la construction identitaire ? 

L’identité personnelle est, en outre, scellée par le développement d’un sentiment d’appartenance (Alex Mucchielli, 2015) à un groupe socialement reconnu. Cela suppose donc peut-être de nous pencher sur une catégorie spécifique d’individus, celle des « fans ». Comment est-elle définie socialement ? À partir de quand y appartient-on ? 

Bibliographie : 

  • J. P. Codol (1981) Une approche cognitive du sentiment d’identité, Social Sciences Information, 20, 1.
  • Mucchielli, Alex. « L’Identité individuelle et les contextualisations de soi », Le Philosophoire, vol. 43, no. 1, 2015, pp. 101-114. 
  • Castells Manuel, Le Pouvoir de l’identité,  1999
  • Eric Maigret, « Sociologie et communication : vieille lune disciplinaire et idées neuves », Hermès, 2004, p.111

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